En attendant Bojangles

 


"Quand la réalité est bien triste, inventez vous une histoire" 

Cette citation prononcée par Virginie Efira en début de film est le parfait résumé de ce film. Sorti en 2021, je n'avais pas été le voir parce que je déteste Romain Duris. Mais cet après-midi, c'est canal plus cinéma qui me donne l'occasion de remédier à ce visionnage. 

En attendant Bojangles, c'est un film sur une histoire d'amour entre George et Camille. Ils se rencontrent un jour, dansent ensemble, et se marient le même jour. Mais voilà, on comprends vite que Camille est un peu trop enjouée, un peu trop fantasque, un peu trop en somme. Elle s'invente une vie, ne porte jamais le même prénom, de sorte qu'on ne sait pas vraiment qui elle est. Son futur mari George c'est ce qui l'a fait craqué, cette insouciance, cette façon d'aller à l'encontre de toutes les normes sociales et sociétales. Ce sont deux êtres libres de toutes entraves qui se rencontrent et qui s'unient. Mais ils ne se connaissent pas vraiment. 

9 mois plus tard, toujours fou amoureux, ils accueillent Gary leur nouveau né. 

Des années plus tard, Gary est un petit garçon extraverti qui se fait malmener à l'école comme tous ceux qui ne rentrent pas dans les cases de la norme sociale. A vrai dire il vit dans un appartement avec son excentrique de mère et des oiseaux venus d'Afrique. Son père travaille mais de grandes fêtes sont organisées chez eux, il voit toujours ses parents danser sur leur musique préférée "Mr Bojangles" de Nina Simone. Ses parents et lui se vouvoient et ne se parlent qu'à coup de grandes proses et de phrases poétiques. Gary vit dans un monde différent de ses petits camarades. C'est un enfant à qui on ne dit pas que l'impossible est impossible, on préfère lui enseigner que tout est possible avec de l'imagination et la liberté d'être et de penser.

On retrouve d'ailleurs Grégory Gadebois en meilleur ami du couple, drôle et attentionné à la fois. J'adore cet acteur, je le trouve très humain, très juste, sensible et fort, touchant. 

Derrière ses excentricités, au fil du film, on se rend compte du vrai sujet du film : la maladie mentale de Camille (ou Antoinette ou Rita comme elle aime se faire appeler). Parce qu'en fait, on ne peut pas être si fantasque, si extravertie, si joviale en tout temps. George et leur fils se rendent bien compte que les idées de Camille (bâtir un château en Espagne par exemple, frapper avec un parapluie l'huissier de justice, sortir nue dans la rue) vont de plus en plus loin et que le problème vient peut-être de sa tête. Ça ne veut pas dire qu'avoir des projets un peu loufoques est systématiquement synonyme de maladie mentale. Mais ici on perçoit bien que tout découle de démons enfouis, à l'image de Camille qui perd son sourire lors d'une soirée dansante comme si ses démons remontaient à la surface pour essayer de prendre possession de son corps. 

Le film m'a mis très vite mal à l'aise tant "la folie" est très justement jouée par Virginie Efira. Des crises d'angoisses aux sautes d'humeur, elle joue à merveille ce rôle de "bipolaire" qui arrive de moins en moins à cacher ses troubles. Et au lieu de la contredire, son mari joue le jeu de "sa folie" la rejoignant dans ses délires ubuesques. Mais des fois elle est out. Complètement sortie de ce personnage, tellement triste, tellement paumée. Période basse de la maladie. C'est extrêmement bien joué en tout cas. Dans ces moments elle réécoute Mr Bojangles et on a l'impression que ça lui permet de "maintenir" son bon côté éveillé. Comme un fil conducteur de sa vie dite normale. 

Jusqu'au jour où, Georges et Gary sortis boire un coup ont laissé Camille seule dans l'appartement, ils découvrent ébahis que Camille a mis le feu à l'appartement et qu'elle est en plein délire avec ça. Elle est donc "internée" à l'hôpital et ils essayent père et fils de vivre à deux. La flamme de la joie de vivre qu'était Camille rend leur vie bien terne dès le premier jour. 

Toute la partie hôpital psychiatrique du film à été très pénible à voir tant les techniques pour soigner les maladies mentales sont inhumaines et affligeantes. Alors évidemment ça se passe dans les années 60/70 et j'espère que ça a beaucoup évolué depuis mais ouf quelle épreuve. "C'est pas ici qu'elle reprendra des forces" : cette phrase de Gary en voyant les effets de cette institution sur la santé psychique déjà fragile de sa mère est une belle réalité de comment on considère les troubles mentaux. 

Ensuite on suit l'évasion de l'hôpital psychiatrique par son mari et leur fils qui apparaissent aussi "fous et loufoques" que Camille au début du film. Pour aller.... dans un château en Espagne.. partir en guerre contre la folie de madame. 

Honnêtement c'est pour ce film que Virginie Efira aurait du avoir un césar, elle nous montre une palette d'émotions et de jeu avec une amplitude qu'on ne lui connaissait pas. Wahou quelle actrice !! 


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