La nuit du 12


  Par cette nuit d'insomnies, me voilà sur MyCanal à la recherche d'un film à me mettre sous la dent. Sur les conseils avisés de deux twittos spécialistes du ciné, je lance ce film de Dominik Moll, un thriller franco-belge sorti en 2022 qui s'inspire d'un fait divers réel et qui était présenté au Festival de Cannes dans la catégorie Cannes Première.

Première impression : quelle claque! 

On suit Yohann, policier à la police judiciaire de Grenoble qui, avec tout son groupe de travail, doit enquêter sur le meurtre de Clara Royer, brûlée vive dans la nuit du 12 octobre 2016. On suit les prémices de l'enquête, les enquêtes de voisinage, l'annonce ultra douloureuse aux parents (mention spéciale à l'actrice qui joue la maman, plus vraie que nature). On suit au delà de l'enquête, tout ce qui gravite autour, les interrogatoires, les nouvelles pistes, les sentiments des témoins, la vie personnelle des policiers. On est à l'instant T de l'enquête dans tout ce qu'elle comprend : l'enquête criminelle en elle-même et ce qui l'entoure et comment elle affecte, victimes, présumés coupables et professionnels. 

Le film tourne un peu en rond et en fait une allégorie remarquable quand l'enquêteur principal, Yohan fait du vélo dans un vélodrome. Comme l'enquête, il tourne en rond sur cette piste dénuée d'indice et qui ne le mène à rien, sauf à se vider la tête. 

D'ailleurs, tout le film est un peu "tranquille" dans le sens où il apparaît comme étant monocorde, à part l'effusion de la maman, le reste est un rythme plat. Un peu à l'image du caractère de ce policier, qui est calme, posé, jamais un mot plus haut que l'autre. J'ai trouvé que le film ressemblait à son personnage. Ou est-ce l'inverse? 

J'ai adoré le personnage de la meilleure amie, criante de vérité, quant à la place des femmes dans la criminalité. Ce sont toujours elles qu'on brûle et qu'on tue et pourtant on essaie de savoir ce qu'elles auraient pu faire pour "mériter" ça. Je mets de gros guillemets parce qu'évidemment personne ne mérite ça mais c'est pour souligner la place des hommes et la place des femmes. Les hommes tuent et rendent la justice et les femmes subissent. La meilleure amie rappelle à ce policier que quoique fut le passé de la victime, elle est victime. Et il ne faut surtout pas l'oublier. 

J'ai adoré aussi le personnage de Marceau, interprété par Bouli Lanners, qu'on ne présente plus mais qui est encore une fois dans ce film un atout majeur. Passionné par son métier mais dégoûté de la société et de ses sociopathes, il est pris entre deux feux. Vouloir rendre justice à Clara tout en étant écœuré par les mis en causes. Avec son franc-parler, il bouscule les interrogatoires et on comprend que ce boulot qu'il aime tant l'a usé et c'est le vrai problème des forces de l'ordre. Ils sont un des métiers qui divorcent le plus. Dur de pas ramener le boulot à la maison. Et je sais de quoi je parle. Gendarmes ou policiers c'est pas la même maison mais la mission est la même. 

J'ai adoré ce film. J'ai adoré le regarder. Même s'il était 2h30 du matin. Même si ça finit comme ça finit. Parce que c'est aussi ça la vie. On ne peut pas tout résoudre. Il faut du temps. Et des fois, beaucoup de temps. 

Et vous ? Qu'en avez vous pensé ? 

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